Boehme appelle une rotation jusqu’ à ce que l’aiguillon intérieur de l’Esprit, qui a une tendance extérieure et qui s’attire vers lui-même, éclate en rayons de flamme et de lumière. Cette flamme est la manifestation extérieure de l’Esprit; cette flamme est la fin, le but, l’extrême extrémité de la Nature, (n’oublions pas que l’on parle ici de l’Esprit d’avant la création physique et manifeste); de cette flamme et de ce rayon, naît une lumière, une douceur, une joie, une jouissance, enfin naît ce que nous appelons réellement Dieu.
Il y a donc en Dieu d’abord l’obscurité infinie, et le choc chaotique de l’infinité d’éléments qui produisent par leur concentration, et pression une flamme; il y a secondement cette flamme qui est le terme extrême de ce qu’on apelle la Nature de Dieu, et enfin la lumière qui est le véritable Dieu. Boehme compare toujours cet ensemble divin à une lumière terrestre quelconque, dans la quelle on voit un fond obscur, une matière inflammable qui sort d’un fond également obscur de la Nature, qui devient ensuite une flamme ou un brasier c’est à dire une flamme naturelle et qui s’entoure d'une auréole de lumière. Dans chaque lumière, il y a donc un fond ténébreux, froid, aspirant vers la lumière, désirant et par conséquent malheureux; puis une flamme qui manifeste cet élan, ce désir brûlant; et enfin une lumière qui porte partout le sentiment de la joie et du bonheur et qui se nourrit pourtant de ténèbres et de choc d’éléments lesquels ne trouvent leur unité que dans la lumière. Il a existé de toute éternité en Dieu, et il existe et il existera toujours un fond ténébreux, ce que l’on apelle le Chaos, la Nuit de temps, la Colère de Dieu, d’où sort, comme des sources ténébreuses de la terre, une fontaine claire de la Vie, de l’Esprit; il existe aussi en Dieu et il a toujours existé ce choc d’éléments qui sortent des ténèbres vers la lumière; il existe aussi et il existera toujours la manifestation vraie, la vie intime de tous ces éléments comme lumière, comme bonheur, enfin ce que nous appelons Ciel. Mais en Dieu tout cela existe comme une parfaite harmonie; il n’existe en Dieu aucun sentiment de ténèbres ou de souffrance, comme un homme bien portant n'a aucun sentiment de l’amertume, de ce suc bilieux qui existe un lui, ni de l’aigreur de la bile, ni enfin d’aucune de ces actions inférieures et physiques qui pourtant constituent sa vie, qui le nourrissent intérieurement et dont le travail ténébreux produit ces rayons, cette chaleur douce qui anime son coeur et qui resplendit dans ses regards. Il n’y avait donc en Dieu aucune souffrance, quoiqu’il y eût un centre ténébreux, plein de souffrance et souffrant continuellement, mais qui n'avait point pour ainsi dire la conscience de ses souffrances et qui rentrait dans l’harmonie universelle du bonheur divin. Donc Dieu, tirant de ces profondeurs infinies et obscures des forces naturelles une flamme de vie, tirant de l’Enfer la
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