Nature visible, tirant, comme on le pourrait dire, de cette bile universelle et infinie et de la rate mystérieuse et du choc des sucs intérieurs, une flamme organisatrice et une lumière, consciente de son existence Dieu existait dans une individualité incompréhensible, semblable à une individualité humaine; cette existence consistait en créations, productions et jouissances, ce dont une individualité humaine normale nous donne quelque idée: c’est l’histoire de l’état divin avant la création du monde et même avant la chute de Lucifer, d’après Boehme.
Dans cet état divin, dans chaque moment, dans chaque parcelle infinie d’un moment, il sortait de la ténébreuse infinité une infinité de tendances auxquelles l’Esprit central donnait une réalité: il sortait de ce Vésuve Chaotique une infinité de sources de gaz, qui s’allumaient et devenaient rayons; il sortait de l’Infini des qualités speciales, qui devenaient des existences, des individualités; il sortait enfin de cette Universalité une création angélique, continuelle et innombrable qui s’apelle réellement Dieu. Car comme on n’apelle pas l’Homme les intestins de l’homme; de même la souffrance, et le désir et la colère qui existent dans l’Universalité ne constituent pas Dieu et ne s’apellent pas Dieu: L’Homme, c’est l’extrait, la flamme, la lumière qui sort de son fond ténébreux et de son extérieur matériel; Dieu, c’est cette existence qui constitue le foyer vers lequel tendent toutes les forces ténébreuses de l’Universalité de la Nature. Cette opération, dont parle Boehme, n’est pas successive: elle est instantanée et continuelle: les qualités et les forces qui se dégagent de la Nature ténébreuse deviennent continuellement et à chaque moment étincelles et rayons; mais tout ceci se passe dans les rayons si on peut le dire ainsi, en dehors de la Nature matérielle et visible.
Boehme, dans ses intuitions, suppose que l’une de ces étincelles sortant de ténèbres éternelles et s’élevant par une tendance facile et naturelle à l’état de flamme, cette flamme formait déjà une individualité forte, une individualité d’ange ou d’archange; (car tout ce que Boehme appelle force, flamme, lumière, trône etc. sont des individualités, distinctes, divines, des citoyens du royaume). Or une de ces individualités, faisant une partie intégrante de la Divinité, ayant par conséquent une volonté libre, arrivée à l’état de flamme et par conséquent à l’apogée de sa force, n’a pas voulu s’élever à la douce lumière; une telle individualité, pour la première fois, fit acte de volonté contraire à l’Universalité de la Création; elle voulut élever son centre ténébreux et devenir
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