du Mal, il a fallu, pour lui ôter la force créatrice et par conséquent universelle, séparer ces deux centres. Ainsi tous les Esprits, qui arrivaient à l'existence après la révolte du Satan, se trouvèrent déjà séparés en deux, incapables de produire des créations Unitaires. L'Esprit, p. ex. l'Esprit du Feu se trouvait de suite arrêté dans son action désordonnée par sa moitié séparée de lui, c. à d. par l'Esprit de l'Eau; l'Esprit du mouvement, d'aigreur, ou comme Boehme le dit, l'Esprit d'acide ou de Mercure, trouvait son contre-poids dans l'Esprit de la Pesanteur: etc. Enfin les Esprits appelés à la vie après la grande révolte n'avaient plus l'intégrité, l'Unité et par conséquence la puissance semblable à celle du Dieu de l'Unité.
Cette évocation des existences toutes nouvelles et qui avaient un centre à eux arrêta la propagation de l'Esprit Satanique. Cette immense Existence que nous appelons la Nature (Matérielle) dans le sein de laquelle nous vivons, a été donc, avant la Création de l'homme, créée pour arrêter le progrès du Mal. Ce qui dans la Nature divine constituait l'action, la résistance, le mouvement, devint, comme nous l'avons déjà dit plus haut, l'éclair, la pierre de la création inférieure, matérielle, et par conséquent inaccessible à l'action spirituelle de l'Esprit Satanique. Pour expliquer en termes vulgaires ces grandes conceptions d'un Esprit mystique, nous nous représenterions p. ex. la révolte d'un grand Chef (et Boehme appelle toujours Satan le Grand-Duc) contre le pouvoir central, et ce pouvoir central faisant appel pour lui résister aux existences inférieures, à la populace des Esprits, et donnant à cette populace un chef, un centre d'action qui relève non plus de ses magistrats déchus mais de la force centrale. Satan ainsi se trouve enfermé entre la force centrale qu'il a désavouée et la force nouvelle qui prend ses inspirations non pas de lui, mais du pouvoir central.
Les germes nouveaux appelés à l'existence trouvèrent leur centre matériel dans le Soleil. Les forces divines se manifestèrent dans cette Création inférieure, comme Unité dans le Soleil, comme concentration dans Saturne, comme force de mouvement dans Mercure etc. Ces existences, éloignées de l'Unité par l'effet de la révolte de l'Esprit qui aurait dû leur servir de lien avec l'Unité, tendaient pourtant et nécessairement à s'unir la force de concentration, désiraient s'unir à la force d'expansion. L'expansion spirituelle se manifestait dans la région matérielle, comme Feu, la concentration comme pesanteur, le mouvement comme éclair et acide, la douceur comme eau etc. De cette séparation est venu le désir de se reunir de nouveau pour former une Unité; et c'est là que gît le principe des deux sexes, les tendances des deux sexes n'étant autre chose que le désir de rentrer à l'Unité.
Le Ciel donc et la Terre, c. à d. la Lumière et les Ténèbres pro-
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