spirituelle; il tirait ses forces de la nature primitive, de la source de la puissance; il communiquait ainsi au centre de la Colère de Dieu, il était aussi puissant et plus puissant que Satan. Quant à sa vie divine, il la suçait à la source de la Lumière et de la Grâce de Dieu; il n'avait d'organes que ceux qui communiquent avec la vie Supérieure, il n'avait besoin de rien de ce qui correspond aux besoins matériels et physiques. Il n'apparaissait par conséquent dans l'Idée que comme un Etre qui ressemble beaucoup à des créations des peintres chrétiens qui représentent des intelligences célestes.
Cet être nouveau, ce fils de Dieu, son Vicaire dans la Création, possédait, à ce que Boehme suppose mais n'affirme pas trop expressément, le pouvoir de se continuer, de produire de son centre même, de suite, des créations nouvelles; cet être, c'était l'Androgyne des antiques traditions conservées par Platon. Mais la force créatrice de l'homme dépendait de son union constante avec le centre de l'Unité, avec Dieu. Il a fallu que l'homme fit des efforts pour se soutenir dans ce centre de l'Unité, pour qu'il n'en sortit pas et ne retombât pas dans le mal.
Ici il nous faut aborder une question très difficile et dont l'explication définitive nous paraït pour le moment absolument impossible: nous devons cependant en parler, parce que tous les hommes qui ont médité sur les choses divines l'ont méditée, ont cherché à la résoudre. C'est la question de la Cause du Mal. Comment les Esprits étant tous sortis d'un même sein, du même Dieu, pouvaient-ils se diviser dans leur tendance et leur mouvement? D'où avaient-ils pris la force de se séparer de Dieu? Issus d'une même et unique source, d'où pouvaient-ils tirer un élément de mouvement qui les rejetait en dehors de cette source? Comment Dieu pourrait-il permettre une déviation des êtres crées par lui, jetés par lui dans l'existance et conduits par lui vers un but ou vers le but qu'il devait nécessairement connaître? Question capitale de la fatalité et de la liberté, de la providence et du libre-arbitre. Voyons comment Boehme explique cette question.
Il faut nous reporter ici à ces heures primitives de la Création, ou pour mieux dire, à l'état divin d'avant la Création. Dieu alors comme Unité se reflétait dans l'infinité des Idées, des germes et des créations. Chaque rayon parti de son centre, chaque affluve appelait ces idées à la vie. Or chacune de ces Idées, sortant des gouffres du Chaos primitif, animée par le rayon de l'Unité avait nécessairement deux tendences dont la première était de suivre le rayon qui l'appelait à la vie, de s'unir à ce rayon, de s'élever ainsi, de tendre continuellement vers le centre de la Création, de se confondre avec Dieu; la deuxième tendance la reportait vers le Chaos d'où elle venait de sortir, vers ses
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