Dieu arrêta l'homme dans cette voie: il divisa sa force centrale, il sépara l'homme en deux. Ses instincts inférieurs et son idéal à lui tiré de lui-même vint à l'existence dans l'idée de la femme: le désir de l'homme donna naissance à un être nouveau, sépare de l'homme, qui apparut comme femme. Après le sommeil d'Adam, après son union intime avec le troisième principe, avec le monde visible, il y eut un réveil où Adam se trouvait dédoublé: il reconnut dans la nouvelle individualité, dans la femme, une moitié de lui même; il ne pouvait plus continuer une existence réelle et créatrice qu'avec cette moitié. La femme tirait sa matière, sa corporéisation non pas de l'élément pur, mais d'un élément déjà influencé par le troisième principe: cet élément se trouvait sous la domination du soleil et du système planétaire; mais la femme ainsi faite, en arrêtant le mouvement spontané de la volonté de l'homme, le ramenait à l'Unité, en lui faisant sentir de nouveau la nécessité de dominer d'une manière légitime le monde élémentaire qui acquérait dans la femme sa plus haute expression. L'homme ne pouvait pas créer des êtres sataniques et il retomba dans la nécessité de ne créer que des individus tenant au monde spirituel et en même temps au monde matériel. Le centre du monde matériel, du monde planétaire arrêtait ainsi ce qu'il y aurait pu avoir de méchant dans la force créatrice, mais corrompue de l'Homme.
Comment maintenant l'Humanité, l'Idéal de l'homme pourrait-il se refaire, se reconstituer? S'il se maintenait dans l'état où il se trouvait après la création de la femme, il aurait continué une race intermédiaire entre celle des Anges et celle des animaux, race pure et légitime d'après la Nature, mais qui n'était plus adéquate à l'idée de l'Homme, telle qu'elle a existé dans l'esprit de Dieu. Cette race pourtant aurait pu, en conservant la loi donnée par Dieu, en cherchant les sources de sa vie en Dieu, en répandant cette vie sur les créations inférieures, remonter laborieusement vers le centre dont elle était issue; mais la condition essentielle, posée alors à l'homme, était de ne pas obéir a des insinuations, à des conseils du monde inférieur, a ne pas manger le fruit de la terre, le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Dans cette connaisance, résidait la toute-puissance divine: Dieu n'en était pas jaloux; mais il voyait que l'homme déchu en abuserait certainement, car cette connaisance, lorsqu'elle n'est pas élevée vers le centre de la lumière, ne peut produire que les créations inférieures, c. à d., des créations mauvaises, sataniques. Les Esprits déchus avant Adam possédaient le mystère de la science du bien et du mal: ils se sont imaginés que ce mystère suffisait pour créer et par conséquent pour se substituer à Dieu; ayant reconnu après l'éclat d'une création visible et pleine d'actualité, leur insuffisance scientifique, ils
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