s'adressèrent à l'homme qu'ils voyaient posséder la force créatrice dont ils s'étaient privés. L'homme primitif s'étant divisé après sa chute, l'Esprit du Mal s'est adressé à cette moitié de l'homme qui était la plus rapprochée de la Nature inférieure, qui représentait les instincts sensitifs de l'homme; il s'adressa à la femme. Dans le conseil de la femme, l'homme entendit la voix de la Nature déjà individualisée et s'exprimant en paroles; il l'entendit qui lui expliquait de nouveau sa toute-puissance: Si vous réunissez, disait la voix de la femme, cette force que vous puisez dans le même centre d'où sort la force divine, aux instincts de la Nature Universelle dont moi femme je suis dépositaire, nous retrouverons l'Unité complète, nous constituerons à nous deux un Dieu complet; mais pour celà il nous faut nous unir à l'Universalité et par conséquent faire un acte de communion intime avec la nature inférieure. Il ne s'agissait plus seulement d'avoir le désir de manger le fruit de la terre, désir que l'homme avait déjà conçu avant son sommeil, mais de saisir ce fruit, de la faire passer dans son organisation, de se l'assimiler, de devenir Un avec la Terre: c'est ainsi que Boehme explique l'acte par lequel l'homme communia avec l'arbre de la science du bien et du mal.
La condition de l'homme, après son union intime avec le monde visible influencé par le Mal, devint pire que ne l'était celle des animaux: le principe vital des animaux sortait de la source ténébreuse et chaotique éclairée et formée par le troisième principe dont le siège existait dans le Soleil; ce troisième principe qui, d'après Boehme, est périssable, n'avait d'autre but dans son existence que de manifester les productions complétés de la lumière et des ténèbres. Le monde visible a pourtant une tendance pour se constituer pour s'unir à Dieu: toute créature, dit St. Paul, souffre et aspire à être délivré de la vanité; c'est pourquoi toutes les créatures du monde visible convergent vers l'homme, espérant trouver en lui leur complément, leur Dieu. Mais comme l'homme, après avoir interrompu ses communications directes avec le monde céleste, n'apporte sur la terre qu'une étincelle qu'il n'a plus le pouvoir de ranimer par les rayons d'en haut, cette étincelle, enveloppée par une masse des Esprits inférieurs qui l'attirent pour s'en réchauffer, ne peut que faiblir et s'amoindrir. Ainsi le monde extérieur (soleil, planètes), se jette au devant de chaque homme qui vient au monde; il se met à son service; il attend à chaque moment dans cet homme son Dieu, comme l'humanité attend son Messie: il fournit à chaque enfant tous les dons dont il dispose: les forces nerveuses, musculaires, connaisances, science, il le sert comme son Souverain tant que brille dans l'homme l'étincelle apportée d'en haut. Cette étincelle venant nécessairement de faiblir, l'Esprit du monde extérieur abandonne
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