son favori; il cherche ailleurs son appui; il retire a l'homme qu'il avait favorisé ses forces sanguines et bilieuses, sa puissance brutale, puis l'usage de ses sens et ses connaissances, sa puissance astrale: l'homme favorisé tombe dans l'abattement et la misère, il meurt![1] Nous parlerons ailleurs de la mort des animaux, dont d'après Boehme il ne reste dans le monde surnaturel que des formes; quant à l'homme, il conserve en mourant les restes de son étincelle divine, car il est sorti comme nous l'avons dit, de même que toutes les créatures créées, du monde chaotique et ténébreux; mais il a eu communication avec la lumière divine et il possédait toutes les qualités propres à communiquer avec le monde visible, avec le troisième principe; lorsqu' après la mort ce troisième principe lui est retiré, n'ayant plus de communication avec la lumière, son étincelle reste solitaire et combattue par les forces ténébreuses sans pouvoir les vaincre; elle rentre dans le chaos tout en conservant le souvenir de son état paradisiaque.
Ainsi l'Esprit de l'Homme après sa chute, redevenait le jouet des Esprits du Mal, se sentait une âme souffrante, damnée; car tout être ne souffre, que lorsqu'il se trouve au dessous de sa loi constitutive: les créations chaotiques et ténébreuses ne souffrent pas, tant qu'elles n'ont pas atteint la limite de la lumière et n'ont pas été mises en état de s'approprier librement les parcelles de la lumière qui leur étaient dues; si elles repoussent cette lumière, cette grâce, elles commencent alors à souffrir. Satan n'a commencé à souffrir que du moment de sa révolte. L'Homme commença à souffrir lors de la Chute; il ne pouvait sortir de cette souffrance qu'en rentrant dans sa loi, qu'après une victorie sur Satan. Les forces dont il avait besoin pour ce combat, il ne pouvait les tirer après sa chute que de la Nature extérieure, du troisième principe: il aurait dû grouper autour de lui tous les éléments de cette nature extérieure, il devait la préserver des atteintes du Mal, il devait s'en former une forteresse, un corps nouveau; mais comme, s'étant soumis aux Esprits inférieurs, il n'avait plus le pouvoir de les dominer, de les diriger, il devait nécessairement après sa sortie du monde extérieur devenir esclave du mal, du Satan.
Cette situation de l'homme déchu provoqua une nouvelle création, une nouvelle manifestation de la miséricorde divine; un rayon sorti du centre de la lumière qui n'a jamais communiqué avec le monde matériel, traversa les conches ténébreuses où était enfermé l'Homme et pé-
- ↑ L'esprit du monde ressemble à un public politique favorisant toute individualité nouvelle (sans précédent), dans laquelle il espère trouver son vrai souverain, son libérateur, son dieu. La force d'une telle individualité une fois épuisée, le public s'en retire, l'abandonne.